Je vous propose de découvrir aujourd’hui, une conférence abordant le marketing alimentaire.
L’intervenante est Kate Cooper, consultante dans l’industrie du marketing alimentaire.
Ces techniques de marketing sont belles et bien réelles.
Je vais vous donner quelques secrets sur la façon dont nous vous faisons acheter ce que nous voulons que vous achetiez.
En tant que responsable marketing, quand je lance un nouveau produit, en quoi consiste mon travail ?
Et bien, mon travail est de faire en sorte que vous le vouliez, le désiriez, que vous en ayez absolument besoin.
Que vous pensiez que c’est la meilleure innovation alimentaire depuis le pain tranché.
Mais comment fait-on au juste ?
Et bien, je vais vous présenter un exemple édifiant d’ici peu, que je vais analyser pour vous.
Mais commençons d’abord par regarder quelques anecdotes amusantes.
Nous avons ici des shreddies, un vieux produit apprécié depuis des années, très populaire au Royaume Uni et au Canada.
Sans rien changer à ce produit, ils ont modifié l’emballage et l’identité visuelle et l’ont présenté comme un nouveau produit. Les shreddies diamant. Du génie marketing à l’oeuvre.
Dans les années 1950, il y a eu une innovation culinaire importante. Les préparations pour gâteau instantanées. Une de mes innovations préférées. A l’origine, tout ce que vous aviez besoin de faire, était de rajouter un peu d’eau. Qui n’allait pas aimer cela ? Et bien en fait, personne n’aimait, et personne n’achetait ces foutues préparations.
Alors, ils ont fait quelques études, et découvert que le consommateur cible, la ménagère, avait l’impression que c’était de la triche.
C’était tellement facile qu’elles ne voulaient pas faire croire à leurs amis, leurs familles, leurs maris, que c’était leur propre cuisine.
Alors qu’est-ce que les fabricants ont dû faire ?
Ils ont dû compliquer la préparation: vous deviez ajouter de l’eau et un oeuf. Et les ventes ont explosées.
Mais ces exemples ne sont rien par rapport à ce dont je veux vraiment vous parler ce soir.
C’est à dire des poulets, des porcs et des vaches.
Quand on pense à d’où viennent les poulets et autres, nous nous l’imaginons un peu comme ça instinctivement. A la campagne.
Mais nous savons tous que si nous y pensons un peu plus, si on y réfléchit vraiment, c’est probablement un peu plus comme ça: en culture intensive.
Mais c’est quand même beaucoup plus sympa et bucolique de les imaginer dans les prés.
Alors, comment nous donnons-vous cette impression ? Et bien, il y a 3 techniques que nous utilisons, la 3ème étant notre arme secrète et je vais vous la dévoiler ce soir, donc restez attentifs.
Tout le monde croit ce qui est marqué sur l’étiquette.
Alors, regardons quelques exemples, certains sont mes favoris, ceux que j’utilise tout le temps.
Je vais utiliser des termes comme « frais, en direct de la ferme » ou « 100% naturel » ou encore « le choix du boucher« .
Mais qu’est ce que cela signifie réellement ? Et bien franchement, cela ne signifie pas grand chose.
Mais, quand on voit ça sur l’étiquette, ça rassure.
Mais regardons ce qu’est vraiment une ferme. Elle ressemble probablement à cela. Une unité de production intensive.
Je vous le redit encore une fois: une unité de production intensive.
Cela n’est pas vendeur sur une étiquette, alors, nous employons « frais, en direct de la ferme« .
Nous mettons l’accent sur le progrès.
L’élevage intensif est né d’une nécessité. A la fin de la 2ème guerre mondiale, les ressources étaient rares. L’élevage se devait nécessairement d’être très économique.
Nous avons développé les techniques, nous sommes maintenant capables d’élever de plus en plus d’animaux dans de moins en moins d’espace.
Nous sommes devenus extrêmement efficaces. Si on regarde une pièce de cette taille, et si c’était un élevage de poulets. C’est une salle de 100 places. Combien de poulets pourrions nous mettre dans cette salle aujourd’hui ? Je dirai environ 4000. C’est plutôt impressionnant, non ?
Cela ressemblerait à cela:
Mais le consommateur ne va pas vraiment aimer cela. C’est donc mon travail de le mettre plus à l’aise avec cela.
Comment est-ce que je fais ? Et bien, un principe de base du marketing.
Nous utilisons les bons mots, et en utilisant les bons mots, on peut détourner l’attention et amener la conversation là ou on le souhaite.
Prenons un exemple de ce genre. Quand vous regardez l’image suivante, ou est-ce que votre oeil est attiré ?
Au milieu de la page. Sur les lettres énormes avec les mots: « on s’efforce d’optimiser« . Ce que nous montre l’image ressemble un peu à cela:
Mais la première image semble mieux car on regarde « on s »efforce d’optimiser ». Cela évoque le progrès. On est plus à l’aise avec l’image.
Le défi des pros du marketing est de mettre le consommateur à l’aise face à ce qu’il voit.
Une des conséquences de l’élevage intensif, d’avoir autant d’animaux dans un tout petit espace, est malheureusement la maladie.
Ce n’est pas un secret que 50% des antibiotiques consommés dans le monde, le sont par les animaux d’élevage.
Alors comment faites-vous pour que le consommateur l’accepte ? Comment ça marche ?
C’est mon travail. Comment je fais, j’utilise le langage de l’innovation.
Retournons voir nos amis de porkcares.org, et voyons ce qu’ils disent.
Comme l’élevage est devenu plus efficace, les vétérinaires ont intégré de nouvelles technologies et méthodes dans leurs pratiques.
Cela nous fait nous sentir bien. C’est positif oui. C’est un progrès.
Et quand nous nous adressons à de futurs consommateurs, nous utilisons quelque chose comme cela.
Un livre à colorier.
Nous faisons en sorte que les enfants se concentrent sur l’innovation.
Donc, en enlevant les porcs des prés boueux et en les mettant dans des bâtiment propres, nous les enlevons de cette bous sale et mauvaise, et de toutes les maladies qui y sont cachées. C’est positif.
Mais, arrivons à notre arme secrète, c’est sur elle qu’il faut se concentrer.
Ces deux techniques à elles seules ne vont pas fonctionner. Nous avons besoin d’une arme secrète, n°3.
Elle est dans cette salle en ce moment même.
C’est VOUS.
Mais comment fait-on ?
Quand vous êtes au supermarché, vous ne voulez pas penser à d’où viennent ces produits. Vous ne voulez pas penser à comment ces animaux ont été élevés, à comment ils ont été traités.
Le pouvoir de l’ignorance volontaire est démesuré.
C’est de la cruauté systématique à grande échelle, et on laisse faire parce que tout le monde est prêt à regarder ailleurs.
Je suis curieux d’entendre votre analyse de cette vidéo.
P.S. L’intervenante est en fait une actrice (Kate Miles), mais le public n’en savait rien et le contenu de la conférence est bien réel.
Bon… bah ça m’a coupé l’appétit…